Ce soir, veille de vendredi, nous décidons d'aller dans le grand restaurant d'Esfahan réputé pour son cadre. Pas sur que demain cela soit ouvert. Nous y arrivons à 20h00. La salle est à moitié pleine, une grande salle au premier et dernier étage d'un petit immeuble sans prétention. On nous laisse choisir notre table et on nous apporte aussitot l'eau, le pain et la carte.
Nous commandons et pratiquement aussitôt arrive notre salade spéciale. Et là le serveur nous demande d'attendre... le jeune du Ramadan n'est pas encore fini. Nous voyons le restaurant se remplir et les tables se charger en aliments mais personne ne mange. Au fur et à mesure que le temps passe, nous voyons s'installer beaucoup de gens si bien qu'au bout d'un moment la salle est pleine, il n'y a plus aucune place de disponible et toujours rien.
Bizarre de voir tous ces gens attablés, du coca ou du lait sur la table ou encore leur fameuse bière sans alcool aux fruits (beurk !), du pain et la salade ou la soupe qui attend et qui ne mangent ni ne boivent. Les gens parlent pendant que les futurs clients s'entassent à l'entrée du restaurant, réservant auprès du maitre d'hôtel leur table; apparemment ce lieu est couru des habitants. Il existe depuis 1967, le décor est très kitch avec peintures aux murs, décors aux miroirs et autres vitraux. Il y a même une serre vers le fond de la salle.
ou est charlie ? |
Tout le monde respecte l'interdit et même si nous avons soif, nous faisons de même. A 20h30 précises sans qu'aucun signal n'ait retenti, la vie normale d'un restaurant reprend et tout le monde mange. Comme si l'arrêt sur image avait pris fin.
Notre plat arrive : du poulet qui baigne dans une sauce brune contenant de la cacahuète mais qui a vraisemblablement trop cuit car il y a un arrière goût de brulé et un plat de riz blanc comme dab. Mais il faut dire que le riz ici est excellent, très bien cuit, servi avec un peu de safran sur le dessus et du beurre. Lorsque les Iraniens ont terminé leur repas, ils ne s'attardent pas et demandent une boite pour emporter ce qui reste, c'est une pratique courante ici que nous avons vue dans tous les restaurants grands ou petits. Une autre pratique surprenante pour nous c'est que tous les retaurants, quelque soit leur taille ou leur réputation font de la vente à emporter et vous voyez les serveurs préparer des boites en polystyrène ou remplir de marmites que les gens viennent ensuite chercher.
Notre plat terminé et nous décidons de partir pour aller voir le vieux pont de nuit. A la sortie la queue s'est étendue jusqu'en bas de l'escalier; ils vont se régaler !
Nous prenons les berges du fleuve, enfin ce qui doit être un fleuve en hiver car à présent il n'y a pas une goutte d'eau sur toute la largeur d'au moins 100 m. Mais il fait relativement frais car nous marchons au coeur d'un jardin promenade aménagé sur plus de 7 km de part et d'autre de la rivière. Des fleurs, des arbres, beaucoup d'arbres bien verts, des allées et parfois des fontaines et des bassins, tout cela constitue un ensemble agréable et beaucoup d'Iraniens viennent pique-niquer là le soir, apportant thermos pour le thé, barbecue pour les kebabs, ou encore marmites contenant des plats dont l'odeur nous parvient en marchant. Certains jouent aux cartes, au backgammon, ou encore au ballon, l'ambiance est familiale et détendue.
Nous arrivons au pont bien éclairé. Ce pont qui a plus de mille ans est interdit aux voitures, au milieu, une sorte d'excroissance a été décorée de peintures du plus bel effet sous l'éclairage nocturne. Nous le traversons et pour revenir nous passons par le bas entre les piles du pont car nous avons entendu de la musique. Il y a là une vingtaine de jeunes qui chantent à capella profitant de l'acoustique du pont et nous passons là un moment à écouter ces chansons dont la mélodie est fort belle même si nous n'y comprenons goutte.
Nous reprenons le chemin de l'hôtel à 3 km de là. Il faut toujours faire très attention pour traverser car si il y a moins de circulation, les voitures roulent beaucoup plus vite sous l'oeil parfaitement indifférent des policiers placés aux carrefours.
Une bien belle promenade nocturne.
Avant l'heure, c'est pas l'heure. Mais 20H30, c'est quand même une heure "chrétienne", pardon, "musulmane".
RépondreSupprimerJe m'absente quelques jours, mais je lirai quand même vos récits de voyage, très poétiques d'ailleurs.
A plus, bon appétit.
PL